En glanant des éléments au fil des pages des magazines, je suis un fil sensoriel qui éveille ma curiosité, me met en état d’alerte. Je retrouve un écho d’une sensation ancienne, une réminiscence d’un voyage ou d’une expérience.
Chaque morceau perd son origine, et devient ouvert à d’autres possibles. Déconstruction – reconstruction, recomposition, de l’abstraction nait une figure, Le travail de décalage, de découpage, questionne les correspondances, les traces, les empreintes. En collant les morceaux, je construis une histoire alternative, partielle, provisoire et singulière.
J’interroge le lien entre la part de l’intention et celle du hasard dans le processus de création. Qu’est-ce qui motive mes choix ? Quelle est l’influence de l’environnement, de la mémoire personnelle, de l’héritage culturel, de l’Histoire ?
Je propose au spectateur un questionnement, une résonance, un pas de coté pour entrer dans son propre imaginaire, pour jouer entre rêves et réalité…
Entrer dans le monde des collages de Christiane ANSIANI, c’est un peu comme aller marcher dans le salar d’Uyuni en Bolivie. On est saisi par l’immensité blanche dans laquelle elle fait évoluer ses créations. Salar, ou désert de neige aux cinquante reflets et nuances de blanc d’où surgit un peuple étonnant de diversité. Certains personnages s’arrêtent au noir et blanc, d’autres osent le bleu intense, et puis peu à peu, d’autres émergent à la lumière et à une gamme colorée plus vaste, plus humaine, de terre et de sang.
Ici, une femme bleu- nuit marche précipitamment vers un rendez-vous encore secret, quoique…
Là, un oiseau philosophe arpente l’espace nu d’un pas grave, absorbé en lui-même par ses pensées. Un peu plus loin, c’est le chien de Sherlock Holmes qui récapitule l’enquête avant de se lancer à la poursuite d’un drôle de malfrat qui joue les passe murailles. Si loin, si proche, le roi et la reine veillent sur leur sujet, lui dans un pouvoir fragile, elle dans une écrasante présence.
Christine est une « découpagiste » de haute volée, elle manie le scalpel d’une main virtuose pour créer des personnages avec peu. Ajusteuse de haute précision, elle assemble lignes, nuances, couleurs, matières et lumière pour réunir les fragments découpés du monde dans une recomposition durable.
Les collages de Christine sont une forme de recréation des marionnettes indonésiennes du théâtre Wayang. Corps denses et colorés, membres filiformes, réduits à l’extrême et destinés à indiquer mouvements et direction. Chaque personnage, telle une carte de tarot de Marseille, raconte une tranche de vie à qui veut bien s’arrêter pour l’écouter. Chaque personnage s’anime au contact de ses semblables et nous entraine dans un monde aussi intense que celui d’Alice. D’ailleurs le lapin est bien là. Grand chambellan du voyage poétique, du voyage créatif en soi même. Quasimodo côtoie la plus mondaine des parisiennes, Jeanne d’Arc un cheval qui essaie la posture de l’arbre…
Le travail de Christine est traversé par plusieurs thèmes qui se combinent : féminin, double, solitude, et d’autres encore. Solitude intense des personnages qui errent seuls dans leur grand écrin blanc. Solitude essentielle, non pas celle qui fait rester sous la couette pour prolonger l’anesthésie, non, celle qui renvoie à soi, à la concentration de l’expérience, à l’essence de soi. Nous sommes irréductiblement seuls sur cette terre. Seul et pourtant appariées. Et parfois des personnages janiformes, humains ou animaliers, traversent l’espace blanc en nous interrogeant. Qu’est-ce qui est visible ? Qu’est-ce qui est invisible ? A la rencontre de qui vais-je ainsi ? Le même en moi ou l’autre ? Le connu ou l’inconnu ? Aller marcher avec les personnages de Christine, c’est prendre le risque de se rejoindre, là où l’on est.
Pali Malom
Celtik Jump Lorient American School of Paris Saint-Cloud
Galerie La Ralentie Paris
Espace Chanorier Croissy-sur-Seine
Voeux d’artistes Marseille
Congrès de la Société Européenne de Chirurgie Pédiatrique
L’été contemporain Draguignan
Hommage à Jiri Kolar Centre Culturel Tchèque Paris
Artothèque Persan
Portes ouvertes Ateliers Rive Droite Paris
Biennale d’Art Contemporain Nogent-sur-Marne
Marché d’Art Contemporain Saint-Germain-en-Laye
Jeanne O’Contemporain Orléans
Grand Marché d’Art Contemporain Chatou
Salon d’automne Paris
Salon du collage contemporain Paris
Galerie Talbot Paris
2009
Galerie Les Vergers de l’Art Paris
2013 Can Serrat (Espagne)
2012 Venasque (France)
Livre « La liberté est un collage » Hommage à Jiri Kolar (Ed. P.J. Varet) 2012 p 26
ARTENSION N° 125 Mai-Juin 2014 « Qui a peur des peintres amateurs ? Dossier p 76
Née à Marseille en 1954 je vis et travaille à Vannes.
Après avoir découvert le collage dans une exposition du photographe André Villers (ami de Picasso et Prévert), je l’ai approfondie lors d’une formation de coaching professionnel, et, j’ai décidé d’y consacrer mon activité artistique.
Divers stages avec des peintres et collagistes : Catherine Charlot, Luc Favard, Christian Tual, Pierre-Jean Varet, Janine Moreau-Amphoux.
Animations d’ateliers de collages en direction de différents publics (reconversion professionnelle, deuil, maladie…).